Enfin libre...

  • Oui, je suis libérée de mes tourments, de mes doutes. J'ai compris d'où venaient tous les déséquilibres de ma vie d'homme.
     
  • Mon côté féminin prend le dessus, ma féminité se développe.
     
  • En juin 2006, j'ai commencé mes séances d'épilation intégrale à la lumière pulsée. Tout y passe, des orteils à la barbe. 
     
  • Pour l'épilation des sourcils et des poils blancs, il faut avoir recours à l'épilation électrique. Trois ans ont été nécessaires.
     
  • Comme mec, j'ai toujours ronchonné à cause de mes cheveux frisés. Maintenant qu'ils sont beaucoup plus longs, je suis heureuse d'avoir ces cheveux frisés qui ont du volume. Mais il fallait encore traiter cette calvitie si peu féminine. J'ai donc dû faire une grosse dépense pour les implants capillaires. C'est une véritable intervention chirurgicale. On vous enlève un croissant de cuir chevelu dans la zone où les cheveux ne tombent pas. Et on vous les replante par greffons de deux ou trois cheveux sur toute la zone dégarnie. Après 4 mois, les nouveaux cheveux vont pousser et ne plus tomber.
     
  • En octobre 2006, j'ai commencé mes entretiens avec le psy (parcours officiel, pour le moment). Bien que je me sois auto-psychanalysée pendant des années, je trouve ces entretiens intéressants. Cependant, je m'impatiente.
    Docteur... mon corps et ma tête les veulent ces hormones !!!
     
  • Pour clore cette année 2006, j'ai fait percer mes oreilles. Une petite étape qui s'ajoute aux autres. Toute personne qui voit mes cheveux longs, mes ongles discrètement vernis, mes boucles d'oreilles, mes sourcils épilés, ma barbe presque éliminée et mon léger maquillage n'aura aucun doute sur ma transformation. 
    L'homme disparaît progressivement pour renaître en Isabelle. 
    Qu'Isabelle puisse éclore totalement en 2007, tel est mon désir le plus profond.
      
  • Au début 2007, j'ai informé mes plus proches contacts professionnels. Ils ont réagi avec beaucoup de respect. J'ai cependant constaté que l'on assimilait facilement les transsexuelles aux homosexuels. Or, le transsexualisme, c'est une question d'identité de genre qui n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle.
     
  • Je sais que je ne suis pas à l'abri de réactions discriminatoires, mais qu'importe !  Psychologiquement, je suis prête à l'assumer.
     
  • En mars 2007, j'ai étudié une trentaine de propositions (Suisse, Maroc, Tunisie et Brésil) pour faire mon premier lifting avec féminisation du visage. Finalement, j'ai choisi le Maroc pour une question de prix et parce que les contacts préparatoires avaient été excellents. 
    Mon choix était une erreur : opération mal faite sur le nez, lifting incomplet et aucune féminisation réalisée.
      
  • Juin 2007 : je me décide à me faire opérer les yeux. Avec les années, ma myopie s'est transformée en presbytie. Cela devenait de plus en plus inconfortable. L'opération au laser donne des premiers résultats immédiats. 
     
  • Juillet 2007 : Enfin, j'obtiens une ordonnance pour la première partie de mon traitement, les anti-androgènes. Très rapidement, je me sens libérée, détendue, sereine. 
     
  • Septembre 2007 : J'attends que mon endocrinologue se décide à me donner le traitement hormonal qui m'est indispensable. Je crois qu'elle ne se rend pas compte que cette attente est insupportable.
     
  • Septembre 2007 : J'ai enfin franchi une étape avec beaucoup de retard faute de temps. J'ai vidé mes armoires et donné la totalité de mes vêtements d'homme. Sans aucun regret !
     
  • Il faudra que j'organise quelque chose pour fêter l'enterrement de ma vie de garçon !
     
  • En septembre-octobre 2007, j'ai décidé d'informer mes parents, mes beaux-parents, mes filles, mes sœurs, ma tante, mes cousins et cousines et mes amis les plus proches. Je me faisais beaucoup de souci pour mon père âgé de 86 ans. Et j'ai eu la joie de voir son ouverture d'esprit incroyable. Pour lui, ce qui compte, c'est que je sois heureuse dans ma nouvelle vie. Mes beaux-parents, âgés de plus de 80 ans ont de la peine à réaliser le phénomène du transsexualisme, mais ont accepté cette situation particulière. 
    Les autres, presque tous les autres, ont parlé de moi, mais aucun ne m'a parlé. Cela m'a beaucoup attristée. Les amies relativement récentes de mon épouse ont été compréhensives pour la plupart.
     
  • Un grand jour : le 23 octobre 2007 !  Je peux enfin commencer mon traitement hormonal féminisant par oestrogènes. Ce matin, j'ai collé mon premier patch avec une certaine émotion. Je suis folle de joie de pouvoir avancer, mais également d'être ainsi totalement libérée de la maltraitance psychologique que j'ai subie depuis 13 mois.
     
  • 15 novembre 2007 : pour corriger les erreurs et lacunes de ma première opération au Maroc, j'ai décidé de faire confiance à deux chirurgiens spécialisés qui opèrent dans une clinique privée de Genève. Pour moi, le lifting, la correction du nez et la féminisation du visage sont des éléments vitaux, plus importants encore que la vaginoplastie, car c'est avec mon visage que je peux exprimer toute ma féminité. 
    Cette opération semblait être une réussite totale. Mais après quelques mois, je constate que des retouches seront nécessaires. 
  • Mon opération de changement de sexe est prévue pour le mois d'août 2008 en Thaïlande. C'est là-bas qu'opèrent les deux plus grands spécialistes au monde. 
    En février 2008, mes médecins me demandent de réexaminer la possibilité de me faire opérer en Suisse car ils ont le souci d'éventuels problèmes post-opératoires. Il me faut maintenant comparer les techniques opératoires et analyser les avantages et inconvénients de chaque site (Bangkok - Lausanne - Zurich) avant de pouvoir prendre une décision définitive.
     
  • En raison de mon prénom officiel masculin et de mon apparence féminine, je subis de nombreux rejets  discriminatoires. Discrets, mais bien réels. 
    Le 14 mars 2008, j'ai envoyé ma demande de changement de prénom à la Direction de l'état-civil. Je suis persuadée que les actes discriminatoires diminueront lorsque mon identité officielle correspondra à mon apparence. Mais il faudra encore beaucoup de temps pour que la société accepte de considérer les transsexuelles comme des personnes normales.
    Nous avons été hommes : nous comprenons les hommes.
    Nous sommes devenues femmes : nous comprenons les femmes. Notre expérience du masculin et du féminin n'est-elle pas un atout précieux pour contribuer aux bonnes relations dans la société ?
     
  • Le 5 juin 2008, une nouvelle opération : abdominoplastie et retouches au visage. Toujours la même qualité des soins. Je suis maintenant en convalescence.
     
  • Le 12 juin 2008, une grande joie : le Département des institutions du canton de Genève vient de m'autoriser à changer de prénom et à porter à l'avenir celui d'Isabelle. 
    Je suis très heureuse d'avoir franchi cette étape importante de ma transition.
     
  • Je suis arrivée à Bangkok le 15 août. Le lendemain matin, le Dr Chett m'a raboté la pomme d'Adam. 
    Le lundi 18 août, après deux jours de diète sévère, j'ai été opérée. Ma vaginoplastie a nécessité 7 heures d'opération pendant lesquelles j'ai eu des massages des jambes pour prévenir le risque de thrombose.
    A défaut de champagne, j'ai eu péridurale et générale.
    A défaut de famille et d'amis, j'ai eu 10 Thaïs souriantes en salle d'op.
    C'est mon plus bel anniversaire.

    Les 5 jours suivants, j'ai dû garder une immobilisation totale. On m'a mis des jambières gonflables et j'ai eu un suivi médical journalier par le médecin de l'hôpital et par le Dr Chett.

    Le samedi 23 août, on m'a enlevé mes pansements et les drains. On m'a ramenée à l'hôtel où je dois rester confinée dans ma chambre pendant une semaine, avec le moins de mouvements possible. Ensuite, je pourrai bouger un peu plus.

    Je suis encore trop affaiblie pour savourer à sa juste valeur le bonheur immense d'être arrivée à vaincre tous les obstacles. J'en pleure de joie.
     
  • Je ne me considère plus comme une transsexuelle. Désormais, je suis une femme d'origine transsexuelle. J'ai encore beaucoup à apprendre, beaucoup à subir aussi. Je suis prête à affronter ma nouvelle vie avec ses joies et ses peines, comme pour toute personne normale. Je suis particulièrement heureuse d'avoir vécu cette expérience, douloureuse certes, mais si exaltante et si positive quand à l'amélioration extraordinaire de ma qualité de vie. Pouvoir corriger une erreur de la nature, même tardivement, quelles que soient les causes de cette erreur, n'est-ce pas une prouesse de la médecine moderne ?  Pour terminer, je voudrais encore dire à l'immense majorité qui considère le transsexualisme comme une maladie mentale qu'il est tout de même curieux de constater qu'une telle maladie mentale se guérit par la chirurgie et par le même traitement endocrinologique qu'une femme ménopausée !
     
  • Le 29 mai 2012, le Tribunal de Vevey a accepté mon changement de sexe à l'état civil où je serai désormais inscrite comme étant de sexe féminin et fille de mes parents. 
    Mon épouse et moi avons déclaré vouloir maintenir les liens du mariage qui conserve ainsi sa validité.
    Cette décision est conforme à l'avis de droit émis le 1er février 2012 par l'Office fédéral de l'état civil.
    Une très grande joie pour moi !
     
  • Finalement, en 2013, mon épouse et moi avons décidé de divorcer. Tout s'est bien passé et nous continuons à entretenir d'excellents rapports.
     
  • En janvier 2014, je subis une petite intervention destinée à augmenter le volume de ma poitrine restée trop petite malgré 6 ans de traitement hormonal. 
    Quel changement... Je suis très contente !
     
  • Depuis 2014, mes cheveux sont coupés très courts et je porte une perruque. 
     
  • En mars 2017, 10 ans après mon premier lifting, j'éprouve le besoin de renouveler partiellement cette opération afin de retarder les effets désagréables du vieillissement.
    J'en suis très satisfaite !

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Suite : Hommes - Femmes !

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